25/03/2014
Arnaldur Indridason : Le Duel
Arnaldur Indridason est né à Reykjavík en 1961. Diplômé en histoire, il est journaliste et critique de films avant de se consacrer à l’écriture. Il a publié de nombreux romans à partir de 1997 et c’est l’un des écrivains de romans noirs les plus connus en Islande et dans les 37 pays où ses livres sont traduits. Il vit avec sa femme et ses trois enfants à Reykjavík. Le Duel est son dernier roman, paru il y a peu.
Reykjavik en 1972, le monde entier a les yeux braqués sur la capitale islandaise, pour le championnat du monde des échecs opposant l’Américain Bobby Fischer au Russe Boris Spassky. Plus qu’un match, il s’agit d’un duel entre l’Ouest et l’Est, en pleine guerre froide mais dans une période de détente croissante néanmoins. Journalistes et membres des délégations des deux camps sont venus en masse dans la ville. Au même moment, un jeune homme sans histoire, amoureux de cinéma, est mortellement poignardé en plein après-midi, dans une salle de cinéma. Le commissaire Marion Briem est chargé de l’enquête.
Sans entrer dans les détails de l’intrigue (heureusement, n’est-ce pas ?), l’enquête criminelle va dévier vers le roman d’espionnage, des écoutes téléphoniques politiques, un Islandais présent à Moscou dans les années 30, un haut dignitaire Russe présent à Reykjavik, un rendez-vous confidentiel dans un cinéma, les services secrets russes et américains, de quoi laisser perplexe Marion Breme qui pataugera un bon moment. Arnaldur Indridason n’est pas du genre à brusquer les choses – le polar nordique, quoi – et s’il respecte ici encore ce style d’écriture, la fin du roman offre pourtant une belle accélération avec un suspense qui va crescendo et un final aussi surprenant qu’intelligent.
Le hasard veut que le bouquin fasse référence à des écoutes téléphoniques ou encore à Sotchi, détails anodins dans ce type de roman mais qui entrent curieusement en résonnance avec l’actualité récente ou en cours. De petites choses certes, mais qui ajoutent au plaisir de la lecture.
Parallèlement à l’enquête, l’écrivain aborde magnifiquement le sujet de la tuberculose, par des souvenirs d’enfance du commissaire et une liaison sentimentale très particulière avec une rescapée de cette terrible maladie - à une certaine époque – ne nous en épargnant pas les détails. Mais ce sont aussi ces pages qui par leur puissance évocatrice et l’écriture maitrisée de l’écrivain, sortent le bouquin du simple polar, pour en faire un admirable roman de belle littérature.
Arnaldur Indridason signe là, un excellent roman que je conseille fortement à tout le monde. Last but not least, les familiers de l’écrivain apprécieront l’ultime clin d’œil des cinq dernières lignes du bouquin…
« - Tu ne trouves pas étrange de voir toute une partie de coupe du monde se jouer à huis clos ? Cette troisième manche, qui peut nous assurer qu’elle a vraiment eu lieu ? – Comment ça ? Elle a été diffusée sur l’écran de la grande salle. Plus de mille personnes y ont assisté. – Mais où étaient Fischer et Spassky ? On les a vus ? N’est-ce pas simplement un montage à partir d’images où ils étaient devant l’échiquier, des images auxquelles on aurait ensuite ajouté celles de mains qui auraient déplacé les pièces selon un schéma préétabli ? Tu as vu les enregistrements de cette partie ? Il est impossible d’y avoir accès. Bobby et Spassky étaient-ils présents au palais des sports de Laugardalshöll ce jour-là ? La question se pose. »
Arnaldur Indridason Le Duel Editions Métailié - 309 pages –
Traduit de l’islandais par Eric Boury
07:47 Publié dans POLARS | Tags : arnaldur indridason | Lien permanent | Commentaires (0) | Facebook |